Paray-le-Monial
Le nom de ce chef-lieu de canton de Saône-et-Loire est connu comme celui d’un haut-lieu du catholicisme mais bien rares sont ceux qui se souviennent des raisons de cette relative notoriété.
Dès l’an 973, un couvent y fut construit et rattaché à l’abbaye de Cluny, puis au XII siècle une basilique fut édifiée. Mais c’est au XVI siècle que paray-le-monial accède à la célébrité : une religieuse visitandine, fille d’un notaire de la région, Marguerite-Marie Alacoque, y bénéficia à partir de 1673 d’une trentaine d’apparitions de Jésus-Christ. Parmi celles-ci, la plus importante lui recommanda en juin 1675 d’instaurer une fête du Sacré- Cœur. La dévotion au cœur du Christ existait déjà au Moyen Age, mais cette intervention surnaturelle survenait au moment où le jansénisme, forme austère et desséchée du catholicisme, était à la mode. Le message de la religieuse, soutenu par un jésuite convaincu de l’authenticité des apparitions, finit par être admis par l’Eglise et le culte du Sacré-Cœur de Jésus-Christ se répandit rapidement.
Le côté un peu mièvre des statues de plâtre du Christ avec le cœur rouge saignant surmonté d’une croix ne découragea pas la piété des fidèles qui ressentaient au contraire le besoin d’une expression sensible de leur ferveur. La dévotion au Sacré-Cœur s’est souvent trouvée associée par la suite aux formes les plus traditionalistes du catholicisme : le Sacré- Cœur était l’emblème des Chouans, la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre a été construite en commémoration des massacres perpétrés par la Commune de Paris contre les chrétiens en 1870 et, au XX siècle, le mouvement de la Contre-Réforme catholique de l’abbé de Nantes, vigoureusement opposé aux décisions du concile Vatican II, prit pour symbole ce cœur surmonté de la croix.
Il n’en est que plus étonnant de constater que paray-le-monial est l’un des centres de prédilection des mouvements charismatiques, expression très récente et vivante du catholicisme mystique. On y trouve aujourd’hui aussi bien des pèlerins attachés aux anciens rites de l’Eglise qui prient dans la basilique que des foules de jeunes rassemblés pour de grandes kermesses et chantant la gloire de Dieu sous des chapiteaux de fortune. Le contraste entre ces deux formes apparemment si différentes du catholicisme exprime peut-être à quel point Jésus-Christ aime tous ses enfants d’un même cœur.
Sœur Marguerite Marie Alacoque a été béatifiée par l’Eglise en 1864 et canonisée en 1920.