La civilisation islamique : Israël et le problème palestinien
En 1945, la Grande-Bretagne tenta, conformément aux prescriptions du « Livre blanc », d’arrêter l’immigration juive en Palestine (bateaux errants comme « L’Exodus »). L’armée juive, Haganah, entra alors ouvertement en lutte contre elle aux côtés d’organisations comme l’Irgoun ou le groupe Stern. La situation devint intolérable pour les Anglais ; les attentats se multipliaient (King David hôtel 1946) et tous les plans proposés étaient rejetés. Finalement, l’Angleterre annonça, le 14 février 1947, qu’elle se retirerait de la Palestine le 15 mai 1948 et remettrait le sort du pays à l’O.N.U. L’organisation internationale adopta le 236 29 novembre 1947 un plan de partage prévoyant deux États indépendants, un État arabe et un État juif, et une zone internationale à Jérusalem. Dès l’annonce du partage, la guérilla fit rage, chaque groupe essayant de contrôler le maximum de territoire. Le 14 mai 1948, le jour où le haut-commissaire anglais quittait la Palestine, Ben Gourion proclama la naissance de l’État juif d’Israël.
Aussitôt fut déclenchée la première guerre israélo- arabe. Les troupes arabes prirent l’avantage territorial jusqu’à l’acceptation d’une trêve décrétée par l’O.N.U. en juin. Pendant cette trêve, les Israéliens s’organisèrent alors que des dissensions apparurent dans le camp arabe. Lorsque les hostilités reprirent, seule l’Égypte fut présente sur le champ de bataille. Malgré son courage, l’armée égyptienne fut encerclée et elle dut accepter l’armistice de Rhodes (24 février 1949).
Israël avait occupé de nombreux territoires qui auraient dû revenir à l’État arabe. Le nouveau pays couvrait en effet vingt et un mille kilomètres carrés au lieu des quatorze mille qui étaient initialement prévus.
De l’État arabe mort-né, il ne restait que la Cisjordanie, que fut annexée en 1950 par le roi Abdallah de Transjordanie pour former la Jordanie, et la bande de Gaza administrée par l’Égypte. Les territoires occupés par Israël s’étaient vidés de leurs habitants (sept cent mille), soit qu’ils aient été terrorisés par les attentats juifs, soit qu’ils aient répondu à l’appel de certains chefs arabes. Les réfugiés furent installés dans des camps situés en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, au Liban. Ils furent pris en charge par l’U.N.R.W.A.
(« United Nations Relief and Works Agency») qui leur fournit ration alimentaire et instruction. Ils étaient huit cent cinquante mille immatriculés par l’U.N.R.W.A. en 1949, un million trois cent dix-sept mille en 1967, un million cinq cent six mille en 1972, dont trente-neuf pour cent vivaient encore dans les camps. Les Palestiniens étaient alors trois millions quatre cent cinquante-sept mille dans le monde. Ils se sentaient apatrides et réclamaient réparation de leurs droits. La vie en camp n’a fait qu’exacerber leur nationalisme alimenté par l’idée qu’ils ont été victimes d’une terrible injustice.
Les Palestiniens arabes ont vu dans Israël un phénomène colonial voulu par l’Occident à un moment où soufflait le vent de la décolonisation. Israël, grâce aux capitaux rassemblés par la communauté mondiale et à l’arrivée d’hommes maîtrisant bien la technique industrielle, a constitué un îlot techniquement avancé dans un Moyen-Orient rural et sous-développé. La création d’Israël a développé l’antisionisme et l’antisémitisme dans le monde arabe, ce qui a poussé beaucoup de Juifs orientaux (Sephardim) à émigrer vers Israël.
La guerre des Six Jours (du 5 au 11 juin 1967) est due au retrait des Casques bleus du Sinaï à la demande de Nasser et à la fermeture du détroit de Tiran, au débouché du golfe d’Aqaba. Une campagne éclair des Israéliens permit à Israël d’occuper Gaza et le Sinaï, la Cisjordanie avec Jérusalem et les hauteurs du Golan. Le refus d’Israël d’évacuer ces territoires fut une cause de tension permanente. La guerre des Six Jours décida les Palestiniens à prendre en main eux-mêmes leur destin. Les diverses associations : Fath (né en 1964), le F.P.L.P. de Georges Habache, le F.D.P.L.P. de Nayef Hawatmeh… se regroupèrent dans l’Organisation de Libération de la Palestine dirigée par Yasser Arafat. Les Palestiniens se firent remarquer par des actions terroristes retentissantes contre Israël, mais ils furent durement réprimés par la Jordanie (« septembre noir », 1970) et eurent leurs mouvements limités au Liban et en Syrie (1972).
La guerre du Kippour-Ramadan (du 6 au 24 octobre 1973) est due à la volonté de Sadate d’Égypte de faire sortir l’ensemble du problème du Proche-Orient de l’impasse et de récupérer ses territoires sans remettre en question l’existence d’Israël.
La bataille fut très dure et si elle se terminait sur le terrain à l’avantage d’Israël, elle avait cependant restauré le prestige des Arabes, montré leur solidarité, fait entrevoir l’efficacité de l’arme du pétrole… Pour la première fois une conférence de la Paix se réunit à Genève, en décembre 1973. Sadate prit une initiative spectaculaire en venant à Jérusalem le 19 novembre 1977. Des négociations serrées s’engagèrent alors à Camp David entre Sadate et Begin, aboutissant à la conclusion de l’accord de paix de Washington (26 mars 1979). L’Égypte récupérait le Sinaï, mais récoltait une réprobation quasi générale dans le monde arabe. Le peuple égyptien, qui espérait une amélioration de son niveau de vie, fut déçu.
La question palestinienne, en grande partie liée à partir de 1975 au problème libanais, semblait en sommeil lorsqu’en décembre 1987 commence l’Intifada ou guerre des pierres, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, contre l’occupation israélienne. Le 15 novembre 1988, après un an de guerre larvée, avec son cortège de représailles, Yasser Arafat, président de l’O.L.P. reconnaît implicitement Israël et proclame la naissance d’un État palestinien.