Le judaïsme : Une économie dynamique aux multiples contraintes PNBH
L’économie d’Israël est celle d’un pays très développé où le PNBH est dix fois supérieur à la moyenne de celui des quatre pays limitrophes : le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Egypte… Pourtant cette économie est très étatisée, ce qui souvent n’est pas un gage de haute productivité. L’agriculture, malgré le peu d’eau disponible, est très performante : agrumes, fleurs, légumes sont massivement exportés. Les industries se sont orientées vers les secteurs de technologie avancée à haute valeur ajoutée : informatique, électronique, aéronautique sans oublier la taille des diamants, spécificité d’Israël.
Depuis 1990 l’économie connaît une forte croissance, ce qui lui permet de répondre aux nombreux défis qu’elle affronte. Tout d’abord elle doit permettre l’intégration des 150 000 migrants annuels dont le coût d’installation a été évalué à environ 20 % du PNB. Ensuite l’économie doit assurer le financement des énormes dépenses militaires consenties par Israël pour sa sécurité. Elles s’élèvent à près de 800 dollars par habitant chaque année, soit huit fois la moyenne mondiale. Ce « poids mort » ne semble pas se répercuter sur les budgets attribués à la santé et à la scolarisation, puisque l’on vit aussi vieux en Israël que dans l’ensemble de l’Union Européenne (77 ans) et que l’on y fréquente l’école dans les mêmes proportions (le taux global de scolarisation étant dans les deux cas de 73 %). Si l’on tient compte du fait que le PNBH de l’Union Européenne est supérieur à celui d’Israël d’environ 50 %, il apparaît que ce pays est géré de façon exemplaire.
Malgré son dynamisme qui se traduit par une augmentation annuelle du PNBH d’environ 7 % au cours de la période 1990-1996, l’économie d’Israël ne pourrait suffire à répondre aux énormes besoins du pays sans l’aide importante reçue de l’extérieur. Celle- ci est multiple, diversifiée et varie souvent en fonction de la conjoncture politique. Elle comprend d’abord l’aide financière de différents Etats qui procède sans doute partiellement d’un sentiment de culpabilité à l’endroit du peuple juif. Vient ensuite l’aide de la Diaspora : pour beaucoup de Juifs vivant à l’étranger, quelque peu éloignés du culte, le soutien moral et matériel à Israël tient lieu de pratique religieuse. A ces aides d’inspiration culturelle vient s’ajouter une partie importante des recettes du tourisme, souvent inspiré, en Terre sainte, par une motivation religieuse juive, chrétienne ou musulmane. Enfin convient-il de tenir compte de l’importante aide militaire américaine, des pensions versées en Israël par des pays tiers et des compensations de l’Allemagne.
L’ensemble de ces aides est estimé à environ 25 à 30 % du PNB et explique que l’Etat d’Israël puisse financer à la fois sa défense et
l’installation de ses migrants. Mais il reste un fait : sans ces massifs apports extérieurs, Israël survivrait très difficilement. Ces apports sont en grande partie obtenus grâce à la puissance politique, commerciale et financière de la Diaspora. Car, autre paradoxe, seulement environ un quart des 16 millions de Juifs vivent dans l’Etat d’Israël et la plus grande communauté (environ 6 millions) réside aux Etats-Unis. Celle-ci est bien intégrée dans la société multiculturelle américaine et ses membres jouent un rôle de premier plan dans les domaines de la vie économique et intellectuelle. Les nombreux prix Nobel obtenus en témoignent : Isidore Isaac Rabi, Isaac Bashavis Singer, Saul Bellov, Elie Wiesel, Henry Kissinger…
Le PNBH moyen des citoyens juifs des Etats-Unis est certainement supérieur à celui du commun des mortels américains et, bien sûr, à celui des habitants d’Israël. Cela suffit-il à justifier la première place du judaïsme au classement des PNBH par religion en considérant qu’elle résulte de l’effort de l’ensemble du peuple élu ? Encore faudrait-il alors tenir compte du niveau de vie des juifs vivant en ex-URSS (1 500 000), en France (600 000), en Grande Bretagne (350 000), au Canada (300 000), en Argentine (200 000), etc.
Quel que soit le PNBH moyen de son pays et des diverses communautés de la Diaspora, l’Israélite est bien présent dans la modernité qu’il a même plus qu’aucun autre façonnée. Avec seulement 0,34 % de la population mondiale, les Juifs ont reçu plus de 20 % des Prix Nobel. Autrement dit les Juifs reçoivent soixante fois plus de Nobel que la moyenne… Mais cette capacité a créer, à innover est-elle vraiment liée à la religion juive ? Il serait téméraire d’affirmer que les six cent treize commandements précis extraits du Talmud et qui ordonnent tous les actes de la vie des fidèles soient directement à l’origine des succès d’Israël. A entendre les Juifs laïcs, ces préceptes religieux seraient plutôt un frein au développement et il est incontestable que les actes et les discours de certains religieux conservateurs créent un réel malaise en Israël au point d’en menacer l’unité. Et contempler les Hassidim psalmodiant devant le Mur des lamentations avec des mouvements d’autistes profonds est assez troublant : devant une telle foi on ne s’étonnerait pas de voir les restes du Mur s’effondrer ou d’assister à la renaissance soudaine du Temple dans sa première splendeur.
Seront seulement développés ci-après trois facteurs, qui, suivant des voies très différentes, peuvent expliquer, par leur complémentarité, les surprenants succès du peuple d’Israël :
L’interdit du prêt à intérêt qui relève de la première catégorie des facteurs religieux liés au développement ;
Le Talmud et sa philosophie qui relèvent de la troisième catégorie de facteurs ;
L’inconscient collectif du peule juif tel que le voit Freud et qui relève de la quatrième catégorie de facteurs.